Autour de l'immeuble Clarté #2.
Autour de l'immeuble Clarté #2.
J’ai trois ou quatre ans; mon frère, un an de moins; ma mère, psychiatre, exerce déjà son métier, mon père achève une formation de psychologue; ils cherchent désespérément un logement qui nous permette à la fois d’y vivre et, à eux, d’y installer leurs cabinets respectifs. Une seule solution – qui finit miraculeusement par se présenter: l’immeuble Clarté (alors dans un état bien différent d’aujourd’hui). L’appartement, réparti sur deux étages, permettait à la vie privée d’occuper le haut, et à mes parents de recevoir leurs patients à l’étage du bas. Nous y logerons jusqu’au début des années 1970, apprenant très vite, mon frère et moi, à ne pas trop faire de bruit et à rester d’une totale discrétion sur celles et ceux que nous croisions dans le vestibule.
Je me souviens qu’il valait mieux ne pas se tenir sur le balcon parce qu’il était si rouillé qu’il risquait de lâcher. Et que le soleil traversant l’immense paroi vitrée du salon sur une portée de deux étages filtrait à travers une fine poussière recouvrant en permanence les fenêtres rarement nettoyées, au dehors. – Mais plus que tout: de l’espace, de la lumière; et du saut dans la modernité que signifia habiter, enfant, cet étrange immeuble de verre, d’acier et de béton armé dont le hall d’entrée, traversé chaque jour, s’ornait de peintures abstraites du Corbusier. Ce n’est sans doute pas le fruit du hasard que mon frère soit devenu architecte…
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