Les illustrations scientifiques, entre art et science

Dès le XVIIe siècle, bien qu’écartées de toute position intellectuelle, savante ou politique, les femmes contribuent à la diffusion des savoirs scientifiques, notamment par l'illustration.

Les illustrations scientifiques, entre art et science

Les illustrations scientifiques, entre art et science

Comme l'explique l’historienne française Michelle Perrot dans son ouvrage La place des femmes, une difficile conquête de l’espace public, «Les femmes ont, durement, conquis l'écriture et les arts plastiques. Mais l'architecture, cet ordre des villes, la musique, langage des dieux, comme, dans le domaine des savoirs, la philosophie ou les mathématiques, leur demeurent hostiles». 

Atelier Boissonnas Classe de dessin vers 1875 Crédit: Bibliothèque de Genève

Parmi les intellectuelles genevoises des XVIIIe et XIXe siècles se distingue l’illustratrice et scientifique Christine Jurine. Née en 1776 à Genève, elle est la fille du médecin et naturaliste Louis Jurine (1751-1819), avec lequel elle collabore à de nombreuses reprises en illustrant ses ouvrages, telle l’Histoire des monocles publiée en 1820. En parallèle, Christine Jurine réalise également ses propres créations, mêlant art et science. Nombre de ses dessins sont encore aujourd'hui inédits. 

illustrations scientifiques
Christine Jurine Dessin d’un monocle

Comme le rappelle l’universitaire Saba Bahar dans l’ouvrage Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Christine Jurine est non seulement une illustratrice, mais aussi et surtout une «chercheuse à part entière, excellente observatrice, micro-anatomiste et entomologiste». En effet, la scientifique parvient à démontrer que l’abeille ouvrière détient le même appareil reproducteur que la reine. Elle collabore avec le grand spécialiste de l'époque, François Huber (1750-1831), à l'étude des abeilles et illustre l'édition de 1814 des Nouvelles observations sur les abeilles

Christine Jurine est l'une des rares femmes à s'imposer dans le cercle restreint des sociétés savantes genevoises. Reconnue dans le milieu scientifique genevois, en 1803 elle est invitée à la Société des naturalistes genevois mais ne peut en devenir membre car les femmes en sont exclues. En 1809, elle est associée honoraire de la Société des Arts. 

Dans le dossier Ms. Fr. 1624 , la bibliothèque conserve des brouillons de monocles ainsi qu’un ensemble de 17 planches réalisées par Christine et son frère André pour l’œuvre de leur père intitulée Mémoire sur la respiration des oiseaux. Comme l’explique Carole Huta dans l’œuvre Louis Jurine, chirurgien et naturaliste (1751-1819), «Jurine, le premier, loua la clarté et la beauté de ces planches et il regretta, semble-t-il, de ne pas les avoir incorporées dans une publication». En voici un petit aperçu: 

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