Notice
Sur ce daguerréotype, Sophie Eynard pose avec son mari Charles entre ses deux fils, Gabriel à gauche et Féodor à droite. Ils sont assis à la jonction entre la façade sud-ouest de la maison de maître de Beaulieu et le corps de logis ajouté au sud-est en 1827, placé à gauche de cette image inversée. La plaque n’est pas datée, mais une estimation de l’âge des deux jeunes hommes, nés respectivement en 1834 et 1837, et une comparaison avec d’autres portraits clairement datés (par exemple DE 037 ou DE 043) permettent de la situer vers 1853-1854, probablement après le mariage d’Hilda, le 6 septembre 1853, vu qu’elle ne figure pas sur ce portrait de famille. Le cadrage très serré, peu fréquent chez Eynard, met en valeur les protagonistes, qui occupent pratiquement tout l’espace. Leurs mains, posées près de leur corps, sont pratiquement toutes sur un même plan. Les deux jeunes gens, un peu inexpressifs, voire indifférents, encadrent la composition. Les jambes croisées, ils portent tous deux un pantalon de lainage rehaussé de motifs qui animent la composition. Leur père, pratiquement de profil, semble s’être figé pour la prise de vue, bien qu’il ne regarde pas en direction du photographe. Le visage encadré d’une voilette noire de Sophie, qui fixe résolument l’objectif, est le plus expressif des quatre, une certaine bienveillance se dégageant de sa personne. Ces attitudes et expressions variées animent ce portrait de famille par ailleurs assez conventionnel. L’image est de très belle qualité ; sa grande précision permet d’admirer la diversité et le modelé des étoffes – satinées pour Sophie, sourdes pour les draps de laine masculins –, animées par les touches de blanc éclatant des plastrons, des poignets et des cols de chemise. Les boutons des gilets des hommes, les bagues de Sophie et la chaîne de montre de Féodor ressortent avec une grande netteté, ainsi que le chapeau de feutre rond que Gabriel a posé par terre et les guêtres qui recouvrent les chaussures des deux jeunes gens. (I. Roland)