Selon une inscription apposée au verso, c’est en 1849 que neuf personnes ont pris la pose avec une voiture hippomobile devant la porte-fenêtre gauche de la maison de maître de Beaulieu. Des voitures hippomobiles figurent sur dix-sept daguerréotypes, dont près de la moitié adoptent un point de vue frontal assez similaire à celui-ci, bien que la baie choisie ne soit pas forcément la même. Il s’agit généralement de scènes de genre, dans lesquelles le véhicule est tantôt sur le départ, tantôt à l’arrivée. Le cocher Jules Lachenal, ganté et coiffé d’un chapeau haut-de-forme, apparaît sur la plupart d’entre elles. Les autres personnes représentées ici sont des membres de la famille Eynard, à l’exception de la jeune Jenny Carrier, assise tout à gauche à l’arrière de la voiture, que l’on retrouve sur sept autres daguerréotypes. La composition de celui-ci est particulièrement élaborée : la voiture tirée par un cheval occupe pratiquement toute la largeur de l’image, devant un arrière-plan quasi symétrique défini par la porte-fenêtre en forme de serlienne. L’imposante stature de Jules Lachenal, les rênes et un fouet à la main, s’inscrit parfaitement dans l’encadrement en plein cintre de la baie médiane, flanquée de deux colonnes. Les autres protagonistes sont regroupés par paire : debout devant le véhicule, Henri de Budé et Sophie Eynard sont disposés face à face de part et d’autre de la portière, comme s’ils attendaient une personne que Sophie regarde arriver. Assis derrière elle, Eynard et sa voisine, couverte d’un bonnet de lingerie, tournent leur visage dans la même direction. Sur le siège opposé, Anna, de profil, est à côté de sa sœur Amélie, qui se tient de trois quarts. Coiffées toutes deux d’une capote, elles semblent surprises en plein discussion. Quant aux deux jeunes filles assises à gauche sur les sièges arrière, elles sont tête nue et semblent se réjouir du départ imminent de la voiture. Leurs robes claires et celle de Sophie contrastent avec les vêtements sombres des trois hommes. Relevons que Sophie porte un tablier foncé sur sa robe et un fichu de dentelle blanche fixé à l’arrière de sa coiffure. Sa silhouette claire, qui forme un contraste lumineux avec le véhicule sombre, focalise l’attention du spectateur. Cette mise en scène savamment orchestrée et parfaitement cadrée permet de ranger cette image parmi les plus belles œuvres d’Eynard. La partie centrale est extrêmement nette et l’on distingue même les motifs peints des volets intérieurs de la baie ; les bords sont en revanche légèrement flous, tout comme le cheval, qui a probablement bougé pendant la prise de vue. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Oui
Inscription posthume : Oui