Entre 1817 et 1825, le sculpteur italien Lorenzo Bartolini réalise une sculpture en marbre de la nymphe de l'Arno Arnina. Le modèle en plâtre et sa traduction en marbre, objet du daguerreotype sont cités dès 1817 mais l’œuvre n'est achevée qu'en 1825. Eynard lui en commande une deuxième version en 1823, ainsi que d'autres œuvres, dont le portrait de son épouse Anna (Extermann 2005, 2011, 2019 et 2021). Cependant, Bartolini, probablement à cours d’argent, vend la statue destinée à Eynard et doit en confectionner une nouvelle que ce dernier ne reçoit finalement qu'en 1840. Une année plus tard, celle-ci est exposée avec succès au Salon de Paris. Sur une aquarelle d'Alphée de Regny, elle trône au centre du hall d'entrée de l'hôtel particulier des Eynard à Paris (Loche 1979, p. 183, fig. 8). Elle apparaît sur trois daguerréotypes non datés d'Eynard (autres exemples 2013 001 dag 80 et DE 001), tous inversés. Parmi eux, deux vues stéréoscopiques réalisées certainement le même jour permettent d’admirer l'œuvre en trois dimensions ; la statue est montrée sous deux angles différents, le corps pratiquement de profil sur cette vue, et de face sur l’autre.
Un doute subsiste quant à l’attribution de ce daguerréotype à Eynard. En effet, les deux vues stéréoscopiques de l’Arnina ont des fenêtres rectangulaires aux angles arrondis, contrairement à la quasi-totalité des autres stéréoscopies d'Eynard. Le chiffre de Louis Jules Duboscq-Soleil apparaît au verso d’un autre exemple, montrant le moulage d’un vase Médicis (2013 001 dag 082), ce qui permet de lui attribuer cette image. Il est possible qu’Eynard se soit aussi adressé à un professionnel pour ces vues intérieures, plus difficiles à réaliser car nécessitant un éclairage artificiel. Rappelons que parmi les daguerréotypes rattachés au corpus d'Eynard, 13 représentent un ou plusieurs objets d'art qui appartiennent pour la plupart à sa collection privée.
En 1858, Eynard vend son hôtel parisien ainsi que la statue de l'Arnina, dont on perd la trace. La première version se trouve dans une collection privée en Grande-Bretagne, tandis que le Museo Civico de Prato en possède une copie en plâtre (Brunori 2014 et Caputo et Melloni Franchescini 2016, p. 143-156). (I. Roland)