Seuls deux des daguerréotypes attribués avec certitude à Eynard datent de 1855, d’après une inscription portée sur leur verso (autre exemple 2013 001 dag 016). Ils ont été pris le 10 septembre, presque au même endroit et montrent les treize mêmes personnages ; celui-ci, en stéréoscopie, en comporte deux de plus. Dans l’état actuel de nos connaissances, il s’agit des deux œuvres datées les plus tardives d’Eynard. L’inscription, vraisemblablement de la main d’Eynard, précise que cette vue a été prise à trois heures et demie de l’après-midi. Elle révèle également l’identité des quinze personnes représentées : aux parents plus ou moins proches du couple Eynard se sont ajoutés deux visiteurs, un certain Monsieur Nippel, accompagné de son épouse, que l’on retrouve sur un autre daguerréotype (DE 045) et qui est ici coiffé de ce qui ressemble à un béret en tartan. Le groupe pose devant la façade principale de la maison de maître de Beaulieu, à proximité de la porte-fenêtre médiane, reconnaissable à son store en tissu brodé. L’image est inversée, la statue de Mercure se trouvant en réalité à gauche de la baie. La vue de trois quarts permet au photographe de rester sur un terrain plat et de valoriser la perspective créée par la succession des colonnes et des statues qui scandent la façade, bien adaptée à une photographie destinée à être contemplée en relief. Cependant, la profondeur de champ, assez limitée, réduit la zone de netteté et l’arrière-plan est flou. Les modèles, debout ou assis, s’échelonnent sur plusieurs rangs dans un certain désordre qui anime la scène et évite toute monotonie. Certains sont de trois quarts, d’autres de profil, et seuls quelques hommes se tiennent bien droits face à l’objectif. Au centre du groupe, Anna Eynard, pratiquement de profil comme son époux, est la seule qui porte un bonnet de lingerie, tandis que certaines des jeunes femmes assises devant elle ont posé leur capeline de paille sur leurs genoux. Les robes des trois jeunes femmes qui ferment la composition à droite, parsemées de petits motifs sur fond clair, contrastent avec les habits sombres des figures placées à gauche, dont Eynard et sa fille Sophie, qui porte une voilette en dentelle noire. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non