Cette pièce est connue grâce à sa représentation sur un autoportrait d'Eynard où elle est posée sur un guéridon (84.XT.255.38). On peut penser au premier abord qu’il s’agit d’un papier salé, étant donné la difficulté à photographier un daguerréotype, mais Eynard semble n’en avoir jamais réalisé et il serait surprenant qu’il ait posé avec une œuvre dont il ne soit pas l’auteur. La plaque, qui représente les ruines du temple de Saturne à Rome, date vraisemblablement de mars ou avril 1840. Elle appartiendrait donc aux tous premiers daguerréotypes d’Eynard, tout en étant probablement le plus ancien témoin photographique de Suisse. En effet, Jean-Gabriel écrit en mars 1840 à son frère Jacques qu'il est en train de prendre les monuments de Rome, ce qui ne va pas sans peine car « c’est une loterie et souvent on ne réussit pas » (lettre à son frère Jacques du 7 mars 1840, BGE, Ms suppl. 1848, fol. 91, cité dans Kaenel 2000, p. 12). Le discours est le même le 2 avril 1840 : « Les Dag [sic] sont une loterie, les épreuves qu'on soigne sont souvent celles qui vont le moins bien » (ibid., lettre du 2 avril 1840, fol. 93-94). Cette vue est toutefois réussie, d'où la fierté d'Eynard qui la place bien en évidence sur l'un de ses autoportraits, à la manière des attributs portés par les artistes de la Renaissance. Il s'agit vraisemblablement d'une pleine plaque, format du premier appareil de Daguerre. (I. Roland)