Selon une inscription figurant au verso, c’est au mois de décembre d'une année incertaine, peut-être 1852, qu'Eynard a réalisé ce daguerréotype. On y voit plusieurs employés, dont un vacher, un cocher et trois jardiniers, posant en vêtements de travail devant la grange et l'écurie de la ferme du domaine de Beaulieu avec deux bœufs attelés à une charrette. L'ensemble constitue une scène de genre à la fois originale – Eynard est probablement parmi les premiers à photographier des domestiques et des bœufs – et traditionnelle, la peinture offrant de beaux exemples de scènes campagnardes dès le 17e siècle. Eynard a indiqué au verso qu'il a effectué ces deux prises de vue en 25 et 30 secondes, temps de pose qui peut paraître relativement long à cette époque, surtout pour un format assez réduit (tiers de plaque), mais qui ne l'est pas pour une stéréoscopie, laquelle nécessite jusqu'à une minute de pose, du moins à ses débuts (Crispini 2015, p. 12).
Quoique l’image de gauche empiète sur celle de droite, les deux sont identiques, ce qui suppose l’utilisation d’un appareil binoculaire.
En 1854, Eynard commande à l’artiste italien Antonio Fontanesi une lithographie qui représente pratiquement la même scène, mais inversée, le procédé du daguerréotype intervertissant la gauche et la droite. On observe d'autres différences, notamment un cadrage plus large qui fait apparaître des arbres et de nouveaux personnages. Malgré ces divergences, il est évident que le daguerréotype a servi de modèle à la lithographie. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre