C’est devant la volière du domaine de Beaulieu que huit employés d’Eynard ont pris la pose. L’image n’est pas datée, mais elle ne peut avoir été réalisée avant 1847, année de construction de cette belle dépendance et sans doute peu après cette date, car le daguerréotype présente un passe-partout de couleur claire qu’Eynard n’utilise presque plus après 1848. Deux autres portraits de domestiques, dont le cadrage est plus serré, ont été pris à cet endroit (84.XT.255.26 et 84.XT.255.8). Cette image est la seule des trois où plusieurs protagonistes portent un objet qui les identifie et qui rappelle les attributs des portraits de la Renaissance et de l’époque classique. Par exemple, la cuisinière tient une casserole et probablement une louche dans ses mains, tandis que les deux jardiniers portent chacun un outil. On aperçoit aussi une brouette et du matériel agricole qui témoignent de la vie rurale de cette époque, thème cher à Eynard, qui l’a évoqué à plusieurs reprises. Le bâtiment à l’arrière-plan crée un fond parfaitement symétrique devant lequel les personnages sont régulièrement disposés ; seule Louise Gilliard, tout à droite, est assise de trois quarts, les autres se tiennent debout face à l’objectif. Les cinq tabliers blancs et les coiffes des deux femmes forment un contraste avec la plupart des vêtements, qui sont noirs ou foncés. La dépendance, mise en valeur par une luminosité parfaitement maîtrisée, apparaît avec une certaine netteté, particulièrement frappante sur le parapet de la terrasse et l’élégante structure en treillage qui subdivise l’arcade du bûcher. En revanche, plusieurs visages sont trop sombres et les deux employés à gauche, qui n’ont pu être identifiés, ressemblent à des ombres, sans compter que le verre recouvrant la plaque est partiellement voilé.