Ce portrait de famille, où l’on reconnaît Charles et Sophie Eynard en compagnie de leurs trois enfants, a été pris devant l’une des portes-fenêtres de la maison de maître de Beaulieu. Une inscription apposée ultérieurement au verso indique l’année 1848, mais l’âge des enfants milite pour une date antérieure. En effet, Gabriel (à droite) est né en 1834, Hilda en 1835 et Féodor en 1837, et les deux garçons portent encore la blouse russe caractéristique de la petite enfance. Il est possible que le dernier chiffre ait été retouché. En effet, une comparaison avec d’autres portraits datés sans ambiguïté (voir par exemple DE 033) situe celui-ci vers 1845-1846. La disposition et les attitudes des modèles sont assez originales, comme souvent chez Eynard : Sophie, assise au milieu, dessine l’axe autour duquel chacun se positionne. Entourée de ses trois enfants, elle incarne la figure d’une mère bienveillante. Ses deux fils se tiennent debout de part et d’autre ; Féodor, de profil, a les yeux baissés, comme s’il n’osait lui demander ou lui avouer quelque chose. À ses pieds, Hilda se blottit contre elle, le bras replié et sa main soutenant sa tête tournée vers l’objectif. Debout derrière sa famille, Charles a posé une main sur l’épaule de son épouse dans un geste protecteur, tout en regardant ostensiblement vers la gauche de l’image, comme s’il se détournait de la scène ou qu’il n’eût tout simplement pas encore pris la pose. Les carreaux de son gilet font écho à ceux de la robe de Sophie, qui arbore une ferronnière sous sa voilette de dentelle noire. Les enfants portent aussi des habits aux motifs variés, rehaussés de rayures et de carreaux, comme le recommandaient plusieurs traités de photographie. Le mauvais état de conservation de la plaque et du verre ne permet malheureusement pas d’apprécier à sa juste valeur ce portrait de famille aussi original que soigneusement composé. (I. Roland)
la date indiquée au verso, 1848, ne correspond pas à l'âge des enfants; le dernier chiffre a l'air retouché
Inscription posthume : Oui