Une fois de plus, Jean-Gabriel et Anna Eynard posent en compagnie de divers membres de leur famille devant la façade principale de la maison de maître de Beaulieu. Les modèles sont placés devant l’une des portes-fenêtres en forme de serlienne, celle de gauche, l’image étant inversée. Une inscription apposée ultérieurement au verso identifie quelques-uns des personnages, mais elle comporte probablement une erreur puisqu’elle signale un dénommé Ernest Horngacher qui ne semble pas présent. En effet, outre le couple Eynard, on reconnaît, assises au milieu, une sœur d’Anna, Amélie de Budé, et Françoise Adélaïde Horngacher. À gauche au deuxième rang, Caroline de Traz, la fille d’Amélie, est apparemment suivie de son mari, Charles de Traz, puis de son père, Henri de Budé. Plus à droite, Charles John Horngacher est accompagné de son épouse Mathilde, née Odier, petite-nièce de Jean-Gabriel Eynard, qui, debout derrière elle sur le palier du perron, somme la composition tout à droite de l’image. La disposition des personnages est très étudiée tout en comportant une touche d’originalité, comme souvent chez Eynard. Les deux doyennes assises au premier rang, la tête couverte respectivement d’une capote et d’un bonnet de lingerie, comme il sied à leur âge, sont encadrées de leur fille et belle-fille, nu-tête. Excepté Anna et Jean-Gabriel Eynard, les époux sont réunis couple par couple, côte à côte ou l’un derrière l’autre. Les hommes, en redingote foncée, sont disposés en diagonale sur les différentes marches du perron ; les deux plus jeunes s’intercalent entre les deux plus âgés. L’emplacement d’Anna Eynard est assez insolite et il est difficile de la distinguer au premier coup d’œil, surtout sur la vue de droite où son visage est masqué. Assise de profil tout à gauche de l’image, en retrait du groupe, elle semble perdue dans ses pensées. Elle occupe le bas de la diagonale dont son mari marque le sommet. L’attitude de Caroline de Traz, qui se penche vers sa mère comme pour lui parler, confère un effet d’instantanéité à ce portrait de groupe plus original qu’il ne paraît de prime abord. (I. Roland)
Inscription posthume : Oui