La composition élaborée de cette stéréoscopie, que l’on peut situer entre 1852 et 1855, tend à la symétrie ; les personnages s'inscrivent dans l’arcade de la volière du domaine de Beaulieu, élevée en 1847 selon des plans que l’on peut attribuer à Anna Eynard. La mise en scène est minutieusement composée, notamment en ce qui concerne les regards. À droite, le couple Eynard pose de profil, assis l'un derrière l'autre de part et d’autre de Jacob Bouthillier de Beaumont, beau-frère d'Anna, seule personne dont le regard se tourne vers l’objectif. À l'arrière-plan, un domestique a vraisemblablement le regard baissé. À gauche, Caroline Bouthillier de Beaumont, sœur d'Anna, est assise de profil face à Eynard, sans pour autant le regarder ; elle est entourée de deux femmes, probablement sa nièce Caroline de Traz et sa petite-nièce Amélie, qui inclinent leur tête vers le sol, apportant une touche de douceur à la scène.
Un temps de pose de plusieurs secondes et une intense luminosité ont été nécessaires pour obtenir un rendu si précis des détails architecturaux ; il en résulte une irisation bleutée du bâtiment.
En 1854, Eynard commande à l'artiste italien Antonio Fontanesi une lithographie qui illustre pratiquement la même scène. Le daguerréotype est inversé, contrairement à la lithographie qui représente les personnages dans leur position réelle. On remarque d’autres différences entre les deux œuvres, dont le cadrage, plus large dans la vue de Fontanesi, qui laisse apparaître les arbres bordant la volière, l'absence de l'employé de maison et le fait qu'Eynard lit le journal qu'il tient dans ses mains, comme s'il informait sa famille des dernières nouvelles. Malgré ces divergences, il paraît évident qu'Antonio Fontanesi a utilisé ce daguerréotype comme modèle, à la demande d’Eynard. (I. Roland)