Jean Rion
Jean Rion est probablement originaire de Savoie (Haute-Savoie actuelle) comme de nombreux domestiques engagés par les familles patricienne genevoises. Il est né vers 1820, si l'on se réfère à son année de mariage et à son âge supposé sur le plus ancien portrait qui le représente (84.XT.255.13). Il a donc été engagé très jeune dans la domesticité de Jean-Gabriel Eynard ce que confirme une inscription faite au dos d'un daguerréotype (84.XT.255.71), selon laquelle il aurait été "domestique chez Mr Eynard pendant une trentaine d’années et [qu’il] servait d’aide pour ses daguerréotypes », ce qui supposerait qu'il soit même entré enfant au service du financier genevois. Un autre Rion, Pierre, probablement un parent, est également employé avec sa femme par Jean-Gabriel Eynard. Sur les daguerréotypes et les textes, on le voit surtout résidant à Beaulieu, mais il est aussi attesté à Paris où il s'est marié et où il aurait longtemps résidé avec sa femme "avant et après leur union" (Journal de l'enregistrement et des domaines, 1881, p. 45).
Après la mort de son patron, Jean Rion continua de résider en Suisse avec sa femme tout en conservant un domicile français; le tribunal civil de l'arrondissement de Saint-Julien règlera en 1879 le conflit né entre ses héritiers au moment de sa succession et, en 1880, au moment de celle de sa femme Marie-Victoire Grenard. Selon les registres militaires conservés aux Archives départementales de la Haute-Savoie, les Rion sont originaires de Saint-Didier (Bons-en-Chablais) et la famille de sa femme, Marie-Victoire Grenard, de Gaillard; un Jean Rion, d’Hermance, mais probablement de même origine, est attesté à Lausanne peu avant le milieu du 19e siècle (Feuille d’avis de Lausanne, 23 décembre 1843), mais il s'agit d'un homonyme, probablement un autre parent.
L'activité de photographe de Jean Rion est uniquement attestée en lien avec la pratique de daguerréotypiste de Jean-Gabriel Eynard. La plus ancienne mention de son activité remonte à 1842 lorsque Eynard est à Paris pour faire le portrait du roi Louis-Philippe et de sa famille. En 1855, Antonio Fontanesi évoque la possibilité de l'engager pour faire des prises de vues qu'il souhaite reproduire par la lithographie, ce qui atteste que Rion jouit d'une certaine autonomie lors des prises de vue. L’importance que lui a accordé Jean-Gabriel Eynard se traduit notamment par un legs de 6000 francs que le financier lui a fait, un legs complété par les héritiers Eynard le 17.03.1863; la somme totale qu'il a reçu au décès du financier s'est finalement montée à 25 000 francs, un montant alors considérable (Jurisprudence générale, 1880, p. 196).
Jurisprudence générale du royaume en matière civile, commerciale et criminelle, ou Journal des audiences de la Cour de cassation et des Cours royales, Paris, 1880, p. 196 (gallica.fr)
Journal de l'enregistrement et des domaines rédigé par une société d'employés de l'administration de l'enregistrement et du domaine national, Paris, 1881, p. 45 (gallica.fr)