
C’est à une réalité peu visible que s’est attaquée Gabriela Löffel, pour son enquête photographique traitant de la mobilité. Elle a pu photographier le chantier du Centre fédéral d’attente et de renvoi pour requérants d’asile du Grand-Saconnex, à côté du tarmac de l’aéroport. Peu visible aussi, les sociétés financières propriétaires de l’entreprise privée mandatée par le Secrétariat d’État aux migrations pour gérer ce centre. C’est à une enquête fouillée et déterminée, que s’arriment trois photographies des façades des multinationales impliquées, à Zurich et Londres, et vingt autres prises sur le chantier genevois. Aucun pathos dans ces images accompagnées de définitions produites par les sociétés d’investissement, les institutions et les organisations non gouvernementales qui opèrent dans le domaine de la politique d’asile ou de l’industrie de l’asile, et de la finance. De «bénéfice» à «retour forcé», les réalités financières et humaines des renvois se lisent vis-à-vis de palissades, de matériaux sous des bâches, de cloisons nues sans fenêtres. Quelques détails - une cicatrice dans le béton, une bride de plastique délimitant un rectangle de terre – surgissent tels des signes des vies à venir ici, contraintes, exclues.