
La répression de la Commune de Paris (18.03.1871-28.05.1871) fut particulièrement violente et massive : plusieurs dizaines de milliers de morts dans les rues de Paris, plus de 43 000 arrestations, près de 50 000 décisions de justice, plus de 80 condamnations à mort, des milliers de condamnations à la déportation en Nouvelle-Calédonie, près de 10 000 proscrits. De nombreux communards se réfugient en Suisse. A Genève, on compte une communauté d'environ 300 personnes, qui s'organisent en diverses associations, participent à la vie politique ou créent des mouvements de solidarité. Ils se rencontrent dans certains cafés (restaurant coopératif "La Marmite sociale", café du Levant dans les rues basses, café de Napoléon Gaillard à Carouge). Après la promulgation de la première loi d'amnistie (03.03.1879), qui reste partielle, puis de la seconde (11.07.1880), de nombreux réfugiés rentrent en France ; on estime à environ 50 personnes, ceux qui sont restés.
Au nombre de ces militants anarchistes qui trouvent refuge de ce côté de la frontière, on peut citer Élisée Reclus, géographe de renom, auteur d’une Nouvelle Géographie Universelle, dont les idées politiques lui valent d’être condamné à la déportation. Sa peine est commuée en un simple exil grâce à la mobilisation de la communauté scientifique internationale. Il rejoint en Suisse son frère Élie Reclus, lui aussi une figure du mouvement anarchiste, devenu directeur de la Bibliothèque nationale sous le régime de la Commune de Paris avant d’être condamné par contumace. La révolutionnaire et féministe russe Elisabeth Dimitrieff compte également parmi les activistes qui ont rejoint la Commune avant de trouver refuge en Suisse. Elle contribue à organiser à Genève la section russe de l’Association internationale de travailleurs, la première Internationale. Autre communard réfugié à Genève, le cordonnier Napoléon Gaillard avait érigé des barricades lors des soulèvements parisiens avant de se réfugier à Carouge où il ouvre « l’Estaminet français », point de rencontre des proscrits. Dernier exemple choisi parmi ces réfugiés de la Commune de Paris, le marchand d’étoffes Jules Perrier, fidèle ami d’Élisée Reclus, capitaine de la Garde nationale dans les rangs libertaires durant l’insurrection, apporte depuis son exil genevois son soutien financier aux anarchistes en difficulté