Lorsque les temps sont difficiles, que la société traverse une période d’incertitude où l’anxiété de la population augmente, le sport peut apparaître comme un remède accessible pour améliorer le climat social. Si la recette conserve toute sa valeur en ces temps de crise sanitaire, c’est dans le même esprit que la tension de la seconde guerre mondiale conduit à l’organisation des Jeux de Genève. Dès 1940 deux semaines durant, au cours de l’été, athlétisme, escrime, tennis, football, natation, canoë, hockey, haltérophilie, pêche sportive ou encore cyclisme sont mis à l’honneur. En tout, une vingtaine de disciplines peuvent être suivies grâce à une carte d’accès à toutes les manifestations, vendue au prix de 5 francs dans de nombreuses billetteries en ville comme celle installée à la place de Cornavin. En nocturnes, les Bains des Pâquis proposaient des matchs de waterpolo, à 3 francs pour une place assise ou 2 francs debout. Lors de la première édition, l’Union vélocipédique genevoise propose à des amateurs de s’affronter sur le circuit du quai Gustave-Ador, sur une boucle de 570 mètres que les cyclistes parcourent pas moins de 140 fois sous les yeux des spectateurs, alternant virages en épingle à cheveux et accélérations sur de courtes lignes droites. Le stade de Frontenex accueille plusieurs disciplines, ici un match de hockey sur gazon, sport encore peu connu qui, à en croire les chroniques de l’époque, peinait alors à rassembler les foules. Les championnats de canoë, dont l’épreuve illustrée ici se déroule en août 1943, sont considérés comme le clou des Jeux. Les participants s’élancent dans les rapides sous le pont de la Machine qui offre aux spectateurs un point de vue imprenable. Les concurrents doivent franchir les vannes du pont de la Machine dont deux seulement restent ouvertes pour renforcer le courant. Le parcours se poursuit par un slalom balisé sur le Rhône jusqu’au pont de l’Île.
Les Jeux de Genève perdent peu à peu de leur attrait à la fin du conflit mondial, à mesure que s’estompe le besoin d’échapper à l’anxiété qu’il a engendré. Ils s’arrêtent définitivement en 1952.