Le Courrier

Journal catholique fondé par l'évêque Gaspard Mermillod et soutenu par la Société catholique romaine jusqu'en 1996, d’abord hebdomadaire, puis trihebdomadaire dès 1869 et quotidien dès 1892. Il fait suite à une publication mensuelle, les "Annales catholiques de Genève" (1852-1862). Le périodique naît dans un contexte difficile. En 1864, le pape Pie IX a édicté le "Syllabus Errorum", qui énumère les "principales erreurs de notre temps" et condamne le socialisme, le libéralisme, la liberté de conscience, la laïcité de l’État, le rationalisme et d’une manière générale la pensée philosophique moderne. Dès 1873, l’Église catholique romaine entre en conflit avec les autorités du canton (période connue comme le "Kulturkampf") qui suscite une église concurrente, l’Église catholique nationale (catholique chrétienne). Le premier directeur du journal, l’abbé Louis Jeantet (1869-1911), est un défenseur sans concession des positions catholiques romaines.
De 1923 jusqu'en 1935, René Leyvraz (1898-1973), figure du mouvement chrétien social en Suisse romande, devient rédacteur en chef. Il cherche une voie autonome entre capitalisme et communisme, défendant le modèle corporatiste ; en 1935, il quitte "Le Courrier" en raison de son fort antilibéralisme. Durant la Seconde Guerre mondiale, la ligne politique du Courrier est marquée par les idées politiques l’extrême droite, en particulier la philosophie de Charles Maurras ; en 1945, son rédacteur en chef depuis 1938, l’abbé Marcel Chamonin (1900-1960) est contraint de démissionner pour devenir chapelain à la clinique psychiatrique de Bel-Air. Le journal fait alors à nouveau appel à René Leyvraz qui reste en poste jusqu’à l’arrivée en 1963 de Jean-René de Ziegler. La période est marquée par de graves difficultés financières (1 millions de francs de déficit en 1970). En février 1976, l’imprimerie de la rue du Vieux-Billard est fermée et Le Courrier imprimé sur les presses de son partenaire "La Liberté" à Fribourg, jusqu’en 2000; cette mission est alors confiée à Atar Roto Presse à Genève.
La nomination en 1979 de Pierre Dufresne marque un tournant. Jusqu’à sa retraite en 1992, il fait évoluer la ligne du Courrier, l’engageant vers la défense des droits humains, des droits des requérants d’asile, du tiers-monde et de l’environnement. En 1996, les liens avec l’Église catholique romaine sont rompus. Le Courrier se définit aujourd’hui comme un journal "indépendant, humaniste et ancré à gauche".