Église catholique romaine de Genève
Avec l'annexion de Genève par la France révolutionnaire en 1798, les catholiques, qui avaient dû quitter la cité à la Réforme, dès le mois d'août.1535, obtiennent le droit de s'y établir durablement et d'y pratiquer leur religion. Préfecture du département du Léman qui englobe de nombreux territoires catholiques, la ville compte en 1804 environ 4000 catholiques pour une population de 23 000 habitants. Ils obtiennent le 16.10.1803 un lieu de culte en ville, l'ancien temple de Saint-Germain alors désaffecté.
Diminué au départ des troupes françaises en décembre 1813, le nombre des catholiques installés à Genève ne cesse d'augmenter dans le courant du 19e siècle. Une partie du territoire du nouveau canton de Genève créé en 1814-1815 intègre des communes majoritairement catholiques (dites communes réunies); en 1850, les catholiques représentent environ 30% de la population du canton; au recensement de 1860, ils sont légèrement majoritaires.
Le 06.05.1851, l’Église achète par l'intermédiaire de l'abbé Victor Dunoyer, curé de Genève, l'immeuble situé au no 13, rue des Granges qui devient la cure de l'église Saint-Germain. Cette maison devient le lieu d'habitation des délégués de l'évêque diocésain et le siège administratif de l'ECR ("Maison diocésaine de Genève") jusqu'en mai 2024 où ce siège est transféré dans de nouveaux locaux (Maison d’Église) créés à l'occasion de la restauration de l'église du Sacré-Cœur située en bordure de la plaine de Plainpalais.
De fortes personnalités, comme l'abbé Vuarin dans la première moitié du 19e siècle ou le cardinal Mermillod par la suite, marquent l'histoire des relations tumultueuses de l’Église catholique avec les autorités du canton. Les conflits atteignent leur paroxysme pendant le "Kulturkampf" après l'adoption, en février 1873, d'une loi réorganisant le culte ; celle-ci instaure notamment l’élection des curés par leurs paroissiens, exige un serment d’allégeance des prêtres à l’État et impose une organisation de type synodal.
Refusant la tutelle de l’État, l’Église catholique romaine perd la jouissance de ses églises; les autorités genevoises attribuent les lieux de culte, entre 1873 et 1876, à l'Église catholique nationale, réunissant les dissidents de l’Église romaine. Les fidèles de celle-ci, fortement majoritaires dans les communes réunies, se réfugient dans des églises de fortune connues sous le nom de "chapelles de la persécution".
Les conflits s’apaiseront avec la loi de séparation de l’Église et de l’État (1907) et surtout au lendemain de la Première Guerre mondiale; les catholiques récupèrent progressivement leurs édifices de culte, à l'exception notable de Saint-Germain.
Le catholicisme genevois connait un nouvel essor après la Seconde Guerre mondiale, avec l'arrivée de nombreux immigrants issus de Suisse et surtout des pays catholiques du sud de l'Europe, principalement l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Depuis la fin du 20e siècle, le nombre de pratiquants diminue fortement.
Jusqu'en 2024, l’Église a conservé le bâtiment qu'elle avait acheté en 1851 à proximité de l'église Saint-Germain lorsqu'elle l'occupait encore; elle déménage alors dans l'église rénovée du Sacré-Cœur et vend son immeuble historique à la Fondation Coromandel de Fribourg active dans le domaine médical, l’humanitaire et le culturel (domicilié jusque-là à la Grand-Rue).
dès le 22.05.2024: Genève, rue du Général-Dufour 18 (Maison d’Église, église du Sacré-Cœur)
Edmond Ganter, L’Église catholique de Genève: seize siècles d'histoire, Genève, 1986
Tribune de Genève, 19.02 et 17.07.2024