Il s’agit de l’un des deux daguerréotypes connus qui montrent la façade nord-est du palais Eynard, dont le portique s’ouvre du côté de l’actuelle rue de la Croix-Rouge. Aucun élément n’indique que cette vue non datée puisse être contemporaine de l’autre, prise le 18 avril 1851 (84.XT.255.27). Eynard se tient debout devant l’une des colonnes engagées du palais, son chapeau haut-de-forme posé à terre dans l’angle derrière lui. Le visage tourné en direction de l’objectif, on ne sait s’il attend quelqu’un ou pose tout simplement en maître de maison devant la belle demeure qu’il a fait bâtir. Tout de noir vêtu, il donne l’échelle du bâtiment. Sa silhouette sombre contraste avec la blancheur des fûts et son haut-de-forme offre un contrepoint visuel au socle de la colonne qui lui fait face. L’image est probablement inversée, sans que la parfaite symétrie de cette architecture néoclassique permette de le déterminer. L’angle de vue, assorti à un cadrage assez serré, crée une perspective accélérée dont le point de fuite se situe à gauche en dehors de l’image. Ce choix met admirablement en valeur les lignes architecturales très graphiques de l’édifice, qui ressortent avec une grande netteté grâce à une bonne maîtrise de la lumière et une profondeur de champ suffisante. Les fûts des colonnes assurent à la composition un élan vertical que pondèrent les lignes obliques définies par les linteaux et les corniches des baies. Dans ce daguerréotype original, Eynard a habilement associé représentation architecturale et autoportrait. La qualité de la pièce, qui révèle une grande maîtrise technique, incite à la situer après 1850, mais l’âge apparent d’Eynard, né en 1775, fait pencher pour une datation antérieure. (I. Roland)
Inscription posthume : Oui