Ce daguerréotype non daté fait partie des rares vues de Genève prises par Eynard. On y voit le jardin botanique créé en 1817 à l’emplacement d’une partie de l’ancienne « Belle promenade » (futur parc des Bastions), au nord-ouest du palais Eynard. Plusieurs vues de cet édifice montrent ce jardin, mais ses plates-bandes bien ordonnancées n’apparaissent que sur quatre daguerréotypes, dont deux montrent le bâtiment de l’orangerie (DE 016 et 84.XT.255.60, 1843) ; le troisième, en stéréoscopie, adopte un cadrage plus serré (2013 001 dag 100). Tous les trois sont animés de personnages, contrairement à celui-ci. Eynard a soigneusement choisi son angle de vue afin de créer une image particulièrement bien équilibrée et dépourvue de monotonie. Les lignes régulières des plates-bandes structurent par leur quadrillage la composition très géométrique de la partie inférieure de l’image et forment un contraste avec la partie supérieure, animée par les frondaisons des grands arbres situés à l’arrière-plan. La ligne de démarcation horizontale entre la nature domestiquée et le fond paysagé est assurée par les deux haies et la clôture en ferronnerie qui bordent le jardin. Ces éléments sont mis en valeur par le fait qu’ils apparaissent avec une certaine netteté, alors que le reste de l’image est un peu flou. La lumière parfaitement maîtrisée crée un savant équilibre entre les tons clairs et foncés, tout en faisant ressortir avec une grande précision les bordures des plates-bandes qui jouent un rôle important dans la composition. Quelques voiles blancs sont visibles ici et là. (I. Roland)
