C’est le 1er septembre 1851 que l’abbé Eugène de Regny (1804-1884) et six jeunes gens en uniforme ont pris la pose devant la galerie qui borde la façade latérale de la maison de maître de Beaulieu, reconnaissable à ses colonnes recouvertes de plantes grimpantes. Ces personnes se retrouvent dans un ordre différent sur un autre daguerréotype pris incontestablement le même jour (84.XT.255.72). Les jeunes hommes sont peut-être des élèves de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr accompagnés de leur professeur. Auteur de plusieurs ouvrages religieux, dont certains liés à l’éducation, cet ecclésiastique est le frère d’Alphée de Regny, un neveu par alliance d’Anna qui était très proche du couple qu’elle formait avec Eynard. Une inscription apposée ultérieurement au verso nous révèle le nom des jeunes gens, ainsi que leurs villes ou pays d’origine, Rome, Venise, Caen, Cork en Irlande et Valparaiso au Chili. Parmi eux, le jeune Léon Descharmes (1834-1916), futur officier de cavalerie français et général de brigade dont on sait qu’il fit sa formation à Saint-Cyr. Debout en cinquième position depuis la gauche, il est le seul qui fixe résolument l’objectif. Apparenté aux de Regny, il figure sur deux autres daguerréotypes pris dans les années 1850 (bisch 01 et mg 0942). Même si les modèles, l’air sérieux, sont alignés de façon assez conventionnelle sur deux rangs, chacun adopte une position différente qui évite une certaine monotonie et seul l’étudiant assis derrière la table porte un képi. Eynard a imaginé une petite mise en scène qui suggère que l’abbé de Regny s’apprête à donner un cours à ses élèves. Au centre est placée une table recouverte d’une nappe tachetée qu’on retrouve sur près de cinquante daguerréotypes et dont le tissu contrasté convient bien à une image photographique. Deux livres ou fascicules sont posés sur cette table, l’un soutenu par un lutrin. À côté trône une longue-vue ou un télescope, objets que l’on ne voit sur aucune autre image, même si l’on sait qu’un observatoire se trouvait dans la campagne de Beaulieu et un grand télescope dans la salle à manger de la maison de maître. La composition, très étudiée, est encadrée par les deux colonnes de la galerie, recouvertes de plantes grimpantes. L’effet de symétrie est renforcé par la disposition des personnes et la présence de deux chaises vides de part et d’autre de la table. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre