Notice
Entre 2002 et 2007–et à l’instar de l’expulsion du fameux Rhino –, la plupart des derniers squats genevois seront fermés, mettant à mal la survie de la sous-culture et de l’expression autonome. Il est cependant des idées qu’on n’étouffe pas, qui persistent et résistent. En témoigne la course de radeaux Intersquat, initiée en 1998 et qui se perpétue depuis pour rappeler aux autorités la vivacité d’esprit de l’autogestion.
Construit au bord du Rhône à la fin des années 1960 dans un style brutaliste par l’architecte genevois Georges Brera, le bâtiment occupé par PORTEOUS était à l'origine une station d'épuration. L’association tire d’ailleurs son nom du procédé anglais de séchage des boues utilisé. Après dix ans d’activité, le système d’épuration devient obsolète. Le bâtiment sert alors à filtrer les odeurs incommodantes, avant d'être laissé à l’abandon pendant une vingtaine d’années. C’est alors que l’État souhaite le transformer en centre de détention. Mais en août 2018, des militant·e·x·s anti-prison du collectif «Droit à la ville» débarquent en radeau pour stopper le projet et squatter le bâtiment. En janvier 2019, d'un commun accord avec le Conseil d'État, PORTEOUS est réaffecté à un projet culturel. Durant les six mois d’occupation et d'autogestion, à l’intérieur et autour du bâtiment, l’association s'est forgée une identité. Ainsi, ce centre culturel autogéré défend des valeurs féministes et antiracistes, une accessibilité économique qui se traduit par les prix libres pratiqués, le recours à la récupération et à la réutilisation, une autogestion organisée, l’appropriation du lieu par la collectivité et l’intégration de projets associatifs, le développement d’un projet expérimental et modulable. En septembre 2022, les membres obtiennent l’autorisation d’entamer l’aménagement du Chic&Schlag, cette cabine-cuisine au niveau du quai. Pensée comme un espace d’accueil, d'événements, de concerts et de performances, elle permet de dessiner les prochaines étapes de transformation. Entre 2023 et 2024, dans le cadre de la transformation du bâtiment, l’association réalise une étude de faisabilité. Lors de divers ateliers et événements publics, ses membres réfléchissent à l'avenir de PORTEOUS avec l'association Chantier Ouvert et le studio d’architecture Sujets Objets. S’ensuit un rapport validant une démarche expérimentale de transformation du lieu. Les travaux seront progressifs, effectués espace par espace, selon les usages envisagés. Ils se feront en partie sous forme de chantiers participatifs.
À l’image: Samantha Kiss, coordinatrice technique, avec Baptiste Sorin, paysan, meunier et couturier, lors de l’atelier de couture des vingt-cinq mètres de rideaux de théâtre utilisés pour isoler le Chic&Schlag les jours d’hiver.