Une fois de plus, c’est devant la porte-fenêtre médiane de la façade principale de la maison de maître de Beaulieu que diverses personnes ont pris la pose, en novembre 1852 selon une inscription apposée au verso. L’image est inversée, car la statue de Mercure, davantage visible sur la vue de droite, se trouve en réalité à gauche de la baie. La façade est prise de trois quarts, ce qui permet au photographe de rester sur un terrain plat et d’éviter de déformer les lignes architecturales. La grande profondeur de champ met en valeur la succession des colonnes et des niches qui scandent la composition, leur échelonnement convenant parfaitement à une photographie destinée à donner l’illusion de la troisième dimension. La netteté qui en découle fait ressortir l’expressivité des visages, la plasticité des colonnes, le modelé des statues ainsi que la richesse de l’ornementation du store qui couronne la composition. La maîtrise de la lumière assure un bon équilibre entre les tons clairs et foncés, même si la vue de droite est légèrement surexposée. Les attitudes variées des protagonistes créent un effet d’instantanéité, bien que certains fixent ostensiblement l’objectif. Tout à gauche à l’arrière-plan, une employée se tient debout devant la porte-fenêtre latérale. Sa présence ne doit rien au hasard, car Eynard associe volontiers des domestiques à ses portraits de groupe. Au-devant Hilda Eynard, très droite, est entourée de Caroline et d’Ernest de Traz, qui semblent perdus dans leurs pensées ; notons que leurs visages sont légèrement flous sur la vue de gauche. Assis à droite, Eynard contemple le chapeau haut-de-forme qu’il a posé sur une chaise en face de lui. Dominant le groupe, Charles Eynard, adossé à une colonne, fixe l’objectif, tout comme sa fille Hilda. À droite, une certaine Madame Dissentis, les bras croisés et les yeux baissés, paraît un peu figée. Tout à droite, les silhouettes d’Anna et de Sophie Eynard se confondent, même si la première porte des habits clairs qui contrastent avec ceux, foncés, de la seconde. Leurs visages tournés en direction du reste du groupe ne sont presque pas visibles. Les trois hommes, qui incarnent chacun une génération, sont placés à différentes hauteurs au centre de la composition, pratiquement l’un derrière l’autre. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non