Un autre petit daguerréotype stéréoscopique non daté (2013 001 dag 091) représente la même composition florale. Dans les deux cas, le cadrage est serré. L’arrangement occupe le premier plan et plonge le spectateur dans un foisonnement de fleurs et de verdure. Ici, l’arrangement est composé de lierre et de fleurs, derrière lesquels deux bouquets sont placés légèrement en retrait dans des vases, de part et d’autre d’une tige sur laquelle est monté un bouquet en boule d’où jaillissent des fleurs et des herbes. En raison du décalage des optiques, destiné à créer un effet de profondeur, la position de la tige par rapport à la surface claire à l’arrière-plan diffère d’une vue à l’autre.
La précision du rendu est telle qu’il est possible d’identifier des dahlias et des chrysanthèmes. Cette plaque témoigne d’une parfaite maîtrise technique, contrairement à l’autre version (2013 001 dag 091).
Avec cette vue, Jean-Gabriel Eynard renoue avec un genre pictural classique, la nature morte aux fleurs. Les sujets inanimés sont très prisés par les premiers daguerréotypistes dans les années 1839-1840, l’inconvénient des longs temps de pose ne permettant pas encore la réalisation de portraits. Un sujet immobile offre à Eynard l’occasion d’une mise en scène qu’il réussit magnifiquement en jouant sur le changement de lumière qui s’opère sur les pétales des fleurs. (U. Baume-Cousam)