Des daguerréotypes d’Eynard, seuls deux, dont celui-ci, ont été réalisés avec une pleine plaque (autre exemple 84.XT.255.82). Un doute subsiste quant à l’attribution de l’autre, mais celui-ci fait certainement partie des toutes premières œuvres d’Eynard, réalisées en 1840, s’il n’est pas la plus ancienne conservée. En effet, la pleine plaque correspond à la première chambre daguerrienne, les demi-plaques apparaissant ultérieurement. Ainsi, il est probable qu’Eynard ait commencé sa carrière de daguerréotypiste avec un appareil conçu pour des pleines plaques, avant de passer à des formats plus maniables et plus réduits. Sur cette image, on reconnaît la façade sud-est de la maison de maître de Beaulieu, prise de trois quarts. Cet angle de vue particulier, qui met en évidence la succession des colonnes et des niches qui scandent la composition, a été choisi à diverses reprises par Eynard, notamment parce qu’il permet de rester en terrain plat. Les lignes verticales du bâtiment sont parfaitement parallèles, un recul suffisant ayant permis d’éviter les déformations. Un homme élégamment vêtu, qui n’a pu être identifié, est adossé à l’une des colonnes. L’image est inversée, car la statue de Mercure se trouve en réalité à gauche de la porte-fenêtre médiane, reconnaissable à son store en tissu brodé. À noter que cette statue, placée dans l’axe, joue un rôle important dans la composition. L’homme debout à droite est un peu flou, de même que le store extérieur que le vent a probablement agité. La statue de Mercure, le banc et les trois chaises placés au-devant sont en revanche parfaitement nets. Des sièges vides apparaissent dans plusieurs œuvres d’Eynard, probablement pour faire croire à un instantané. Un voile recouvre l’image, comme dans d’autres plaques précoces d’Eynard (voir par exemple 2013 001 dag 014, 2013 001 dag 040, 2013 001 dag 057 ou 84.XT.255.67), tandis qu’on aperçoit quelques taches rondes qui sont peut-être dues à un excès de brome (Gaudin 1844, p. 101-102). (I. Roland)