Ce daguerréotype forme un ensemble avec deux autres pièces prises le même jour (2013 001 dag 046 et 2013 001 dag 047). Les indications qui figurent au verso des deux autres permettent de le dater du 29 août 1850 et d’en situer la prise de vue sur le pont du bateau à vapeur L’Aigle. Des trois vues, celle-ci offre la composition la plus intéressante. Eynard place au premier plan un banc dont les lignes, dans sa partie laissée inoccupée, soulignent la perspective et donnent du relief à ce portrait de groupe. Une succession de plans structure l’image : d’abord les paquets déposés au pied du banc, puis le banc lui-même sur lequel sont installées des passagères aux imposantes coiffes, suivi du groupe debout et, à l’arrière-plan, les tambours des roues du bateau. Cette disposition améliore la mise en situation : le spectateur comprend plus clairement que la scène prend place sur un pont de bateau.
Eynard et au moins quinze autres personnes sont réunis ici devant l'objectif. Les femmes sont assises sur le banc, et les hommes alignés debout au second plan. Parmi eux, légèrement surélevé, l’officier de bord, reconnaissable à son chapeau, pointe le doigt vers le photographe, comme s’il appelait l’assemblée entière à fixer son attention sur l’objectif, son autre bras posé sur l’épaule du jeune garçon à côté de Jean-Gabriel Eynard, visible tout à gauche, son chapeau à la main.
Malgré le flou et le voile qui la couvre, cette plaque présente un intérêt exceptionnel en raison de l’originalité du lieu représenté : le pont d’un bateau. La rareté du sujet et le grand format (une demi-plaque de 114 mm x 152 mm) font de ces trois portraits de groupe réalisés par Eynard sur le pont de L’Aigle des objets particulièrement remarquables.
Ce daguerréotype ressemble beaucoup à une vue attribuée à Philibert Perraud, daguerréotypiste ambulant, représentant « L’état-major sur le pont du Triton », qui est reproduite dans l’ouvrage Le daguerréotype français : un objet photographique, Paris 2003, p. 358. (U. Baume-Cousam)