Jean-Gabriel Eynard et Anna Eynard, leur gendre Charles Eynard et Charles de Traz.
Une inscription au verso de ce daguerréotype atteste qu’il date du 6 décembre 1849. La même inscription précise l’heure et le temps de pose « à 10h, 48 secondes ». Ces renseignements témoignent sans doute de la volonté d’Eynard d’améliorer sa technique photographique.
Jean-Gabriel Eynard a choisi de se représenter en compagnie de sa femme, de son gendre et d’un neveu, dans un style orientalisant, sur un même plan, dans un cadrage très serré où les figures occupent tout l’espace. Au centre de la composition, Anna, seule femme du groupe, et Charles s’inscrivent parfaitement dans l’encadrement de la porte-fenêtre de la propriété de Beaulieu. Eynard et Charles de Traz, tournés l’un de profil, l’autre de trois quarts vers l’intérieur de la scène, ferment la composition. On peut interpréter la position des mains des deux hommes à droite, ici posée sur l’estomac, là glissée sous le gilet, comme obéissant aux règles de bienséance ou à des impératifs techniques : en effet, les premiers traités de photographie recommandent de garder les mains près du corps pour éviter que les membres n’apparaissent disproportionnés.
Au centre, Charles Eynard porte un burnous et une coiffe semblable à un fez, en signe d’admiration pour Abd el-Kader, défenseur de l’indépendance arabe contre l’envahisseur français, avec lequel il a entretenu une correspondance. Ce chef religieux et militaire jouissait d’une grande popularité dans de nombreux cercles intellectuels d’Europe, qui se mobilisèrent pour le soutenir lorsqu’il était détenu en France, à l’époque de cette image.
La splendide robe de chambre masculine qu’arbore Jean-Gabriel Eynard, dont la mode s’inspirait des cafetans orientaux qui se portaient sur les habits, témoigne de l’art de vivre de l’époque. Loin du traditionnel bonnet de lingerie porté par les femmes d’un certain âge, la coiffe d’Anna s’apparente à un voile, lui aussi à l’orientale.
L’alternance des masses sombres et claires, ainsi que la variété des motifs des vêtements et du repose-pied, ici parfaitement maîtrisées, permettent aux personnages de se détacher sur l’arrière-plan clair et lumineux. (U. Baume-Cousam)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non
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