
"Pour un devenir commun, un futur désirable, une possibilité d’être qui résiste aux lois du marché du chacun·e·x pour soi et du touxtes contre chacun·e·x, à l’inéluctable épuisement des ressources, à l’obsolescence programmée et à l’uniformisation.
Comment rendre compte de l’engagement de ces individus qui œuvrent au quotidien pour un devenir possible ? Iels sont si nombreux·ses et pourtant si peu reconnu·e·x·s et valorisé·e·x·s socialement. Ce ne sont pas des accidents de parcours, des coïncidences fortuites. Iels ne sont pas là pour le décor ou le fond de scène. Iels offrent – avec les absent·e·x·s des photos – la possibilité de trouver une place, un abri, un refuge, un soutien, une écoute, une alternative, d’autres récits, d’autres manières de faire, d’autres possibles contre l’oubli. Sur quoi est basée cette possibilité ? Sur l’investissement, celui qui dépasse le travail rémunéré, celui qu’on peut appeler l’engagement. J’ai pu rencontrer quelques-unes de ces entités au fil de mon parcours à Genève. J’en ai rencontrées bien d’autres pour cette enquête. J’offre ici un échantillon, avec un spectre d’intérêts et de causes assez large qui puisse représenter une diversité. Les un·e·x·s ne vont pas sans les autres. La démarche peut sembler un brin naïve ou valeureuse. Cependant, le sujet échappe à la photographie car, bien entendu, il ne peut pas se montrer. Dans ces photographies se reflète ce que l’ici et le maintenant peuvent nous apporter : un sentiment de concrétude qui, par la présence de ces corps dans ces lieux, laisse entrevoir le travail engagé pour faire exister ces combats. Le mot n’est pas trop fort. Il faut surmonter bien des obstacles et résister pour en arriver là où iels sont. Les collectifs, moins institutionnalisés – et qui cherchent d’ailleurs à échapper à la hiérarchisation qu’induit l’institutionnalisation –, ont difficilement trouvé leur place. Je ne servais pas assez bien leur cause, ou en d’autres termes, mon approche photographique contrevenait à leur sensibilité politique, anonyme et non-excluante. D’autres couraient après le temps ou étaient en passe de s’essouffler définitivement. Ce travail rend hommage à la société civile qui n’est pas passive et silencieuse, comme le claironnent si bien celleux qui cherchent à l’occulter. Et comme le clame si bien le titre sidéral du livre de l’agence Interfoto, paru en 2018 aux Éditions d'en bas : « Nos rêves sont plus longs que vos nuits ».
J’ai d’abord écrit à chacune des entités, qui a ensuite accepté ou non de me rencontrer et de m’ouvrir ses portes. Lors de ce premier entretien, je découvrais les lieux et nous discutions des possibilités photographiques. L’entité consultait son comité ou son collectif et m’indiquait ses préférences. Parfois, je sollicitais moi-même les personnes qui seraient à l’image. D’autres fois, je les rencontrais directement sur place. Dans certains cas, je suis venue plusieurs fois. Les textes ont été rédigés par mes soins, à l’aide des informations remises et celles collectées sur internet. Le Collectif Afro-Swiss et Interfoto m’ont fourni le leur. La photographie, accompagnée du texte, a été adressée à toutes les entités pour validation."
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