Études
- Préface
- Genèse du catalogue numérique de l’œuvre photographique d'Eynard
- Eynard et la naissance de la photographie en Suisse et à Genève
- Eynard photographe (1840-1855)
- Chronologie
- Le rôle de l’architecture dans l’œuvre d’Eynard
- La mode dans le miroir des daguerréotypes d'Eynard
- Conservation et histoire matérielle des daguerréotypes produits par Eynard
- Impressum
Annexes
1.3. Portraits de couple
Le portrait de couple est une variante du portrait double, mais il paraît avoir été investi d’une manière spécifique par Jean-Gabriel Eynard. Certes, comme pour le portrait individuel, certaines pièces n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière. On rencontre parfois la reproduction du détail d’un daguerréotype représentant un groupe plus important (2013 001 dag 029). Plusieurs daguerréotypes jouent un rôle presque anecdotique dans son œuvre, comme ceux de quelques couples de son entourage (84.XT.255.50 ; elysee 005933 et 054041), dont certains n’ont pas pu être identifiés.
Les portraits de couple les plus intéressants sont ceux, au nombre d’une douzaine, qui le montrent avec sa femme Anna. Sept d’entre eux se distinguent par une mise en scène similaire, particulièrement étudiée. La sophistication de ces images apparaît clairement si on les compare avec le seul portrait connu du couple Eynard qui soit l’œuvre d’un photographe professionnel, Jules Duboscq (2013 001 dag 086). Très souvent assis de part et d’autre d’un petit guéridon, Anna et Jean-Gabriel figurent dans un cadre assez serré. Anna, toujours placée de profil, accoudée au guéridon, pose son menton sur une main. Cette position stabilise la tête pour la prise de vue, mais elle correspond aussi à un geste d’élégance qui se retrouve sur de nombreux portraits de groupe où elle apparaît. Sur ces images, la relation entre l’homme et la femme est à l’avantage du mari. S’il lui arrive de photographier des hommes attentifs à leur compagne (elysee 005933), Eynard ne se représente généralement pas dans cette attitude. C’est Anna qui dirige invariablement son regard vers son époux, alors que Jean-Gabriel se tient, selon les cas, de face, de trois quarts ou de profil, très souvent l'air détaché (84.XT.255.64). Les gestes d'affection mutuelle sont plutôt rares (2013 001 dag 025 ; 84.XT.255.58).
Une atmosphère d’intimité est souvent suggérée par la présence d’objets de la vie courante. Le choix des vêtements de Jean-Gabriel, de somptueuses robes de chambre, rapproche ces portraits de ses autoportraits dans lesquels il porte une tenue similaire. Eynard a adopté un principe de composition semblable (jeux de regards, qualité des vêtements, complexité de la disposition des figures) pour le portrait de sa fille Sophie et de son gendre Charles Eynard et (DE 035), autrement dit de proches parents.
Le lien entre ces portraits du couple Eynard et les autoportraits de Jean-Gabriel est confirmé par l’existence d’un daguerréotype (ott 30638) qui met en scène les deux partenaires dans la campagne de Beaulieu. La composition rappelle la manière de certaines stéréoscopies montrant le maître de maison en promenade dans sa propriété. Le résultat n’est cependant pas aussi probant, car aucune relation n’est créée entre les figures et leur environnement. La pièce vaut surtout par le magnifique déploiement de la végétation.
Enfin, le photographe s’est parfois aussi essayé à des compositions pleines d’artifices, comme cette scène de détente devant la façade de Beaulieu (2013 001 dag 079). Anna médite, vue de profil, assise sur un banc, alors qu’Eynard lit. Il a disposé sur une table une nature morte faite d’un vase entouré de figurines d’animaux dont la présence ne s’explique à cet endroit que par la fantaisie du photographe. Une statue émerge à mi-corps de sa niche, le regard malicieux.
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