Histoire architecturale de la Bibliothèque de Genève 1/3 : un cadre prestigieux

Histoire architecturale de la Bibliothèque de Genève 1/3 : un cadre prestigieux

vue cavalière depuis le sud
Détail de la vue de Matthieu Merian d’après Claude Chastillon Genève, vue cavalière depuis le sud, eau-forte vers 1615 (VG 1122)

La Bibliothèque de Genève et les bâtiments universitaires qui lui sont liés sont édifiés en 1868-1873 dans un site somptueux, le parc des Bastions dont l’origine remonte à l’Ancien Régime. Au 17e siècle, la ville est dotée d’une double enceinte: l’une, médiévale, dominée du côté sud par la tour Baudet, l’autre, bastionnée, qui remonte au 16e siècle communément désignée comme l’enceinte des Réformateurs.

vue cavalière depuis le sud
Détail de la vue de Matthieu Merian d’après Claude Chastillon Genève, vue cavalière depuis le sud, eau-forte vers 1615 (VG 1122)

Devant cette dernière, entre les bastions de l’Oie et du Calabri est créée, en 1726, la «Belle promenade. On conserve une image ancienne de cet aménagement, ancêtre du parc actuel, dessiné avec son contexte urbain et rural sur la carte dite des «Environs de Genève» dressée vers 1730 par Jacques-Barthélemy Micheli Du Crest.

Carte des environs de Genève
Détail de Jacques-Barthélemy Micheli du Crest Carte des environs de Genève, aquarelle et gouache vers 1730 (Ms suppl 1292)

Cet ingénieur et cartographe de grand talent s’est intéressé en particulier aux jardins à la française qui ont commencé, au tournant des 17e et 18esiècles à essaimer sur le territoire genevois. La «Belle promenade» occupe tout le terrain situé entre la Treille et l’enceinte élevée au milieu du 17e siècle, à l’arrière des bastions d’Yvoi et Bourgeois.

Cet espace va accueillir, en 1817, sur ses franges septentrionales le «Jardin des Plantes». Distribué autour de deux larges allées perpendiculaires, celui-ci est aménagé contre la courtine de l’enceinte du 16e siècle sous la direction du botaniste Auguste-Pyramus de Candolle.

Le jardin botanique
Pierre Escuyer Le jardin botanique 1824, gravure sur cuivre (20P Ba 01)

Ce premier jardin botanique est constitué d’une orangerie éclairée de cinq grandes baies et de deux serres dont l’architecte est Guillaume Henri Dufour, le futur général, et d’un bassin muni d’un jet d’eau qui sert à l’arrosage. Ce musée des sciences botaniques en plein-air va être transféré au début du 20e siècle à son emplacement actuel sur la rive droite; c’est à son endroit que prendra place le monument de la Réformation (1917).

De l’ancien jardin, on conserve dans le parc actuel plusieurs arbres de collection qui aujourd’hui encore font l’admiration des visiteurs et visiteuses. Comme le montrent les vues anciennes, la promenade est déjà un lieu de loisirs apprécié des Genevois et des Genevoises qui sont encore enfermés jusqu’au milieu du siècle dans les enceintes de la cité.

Gabriel Charles Bouthillier de Beaumont
Gabriel Charles Bouthillier de Beaumont Promenade en famille sur le terrain des Tranchées près de la place de Neuve vers 1840

La démolition des fortifications, engagée en 1850, constitue un changement qui va bouleverser la physionomie des lieux. Des arbres sont plantés sur les anciens bastions Bourgeois et d’Yvoi, qui conservent temporairement leur configuration ancienne et qui déterminent en partie celle du parc agrandi. La suppression des enceintes a, en effet, permis d’étendre considérablement l’ancienne promenade; celle-ci peut désormais servir, à partir de 1868, d’écrin à des institutions majeures, l’Université, le Muséum et la Bibliothèque publique, l’actuelle Bibliothèque de Genève.

Comparaison de détails du plan de Genève par Jean-Henry Bachofen
Comparaison de détails du plan de Genève par Jean-Henry Bachofen gravure sur acier, 1844 (39P 81) et de celui par un auteur anonyme intitulé Die neuen Anlagen von Genf, lithographie, 1858 (VG 2830)

Une fois ces équipements construits, la Municipalité décide en 1873 de créer à l’emplacement du bastion Bourgeois une terrasse qui évoque peu ou prou le terre-plein de l’ancien ouvrage militaire. Ils sont sans doute peu nombreux les passant-e-s qui devinent aujourd’hui, dans le dénivelé du terrain devant la Bibliothèque, le souvenir d’une ancienne fortification.

le parc des Bastions du côté de la rue de Candolle
Louis Jullien pour les éditions Jullien Frères (1856-1920) Genève, le parc des Bastions du côté de la rue de Candolle vers 1875 (JJ P 387 E)

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