Histoire architecturale de la Bibliothèque de Genève 1/3 : un cadre prestigieux
Histoire architecturale de la Bibliothèque de Genève 1/3 : un cadre prestigieux
La Bibliothèque de Genève et les bâtiments universitaires qui lui sont liés sont édifiés en 1868-1873 dans un site somptueux, le parc des Bastions dont l’origine remonte à l’Ancien Régime. Au 17e siècle, la ville est dotée d’une double enceinte: l’une, médiévale, dominée du côté sud par la tour Baudet, l’autre, bastionnée, qui remonte au 16e siècle communément désignée comme l’enceinte des Réformateurs.
Devant cette dernière, entre les bastions de l’Oie et du Calabri est créée, en 1726, la «Belle promenade. On conserve une image ancienne de cet aménagement, ancêtre du parc actuel, dessiné avec son contexte urbain et rural sur la carte dite des «Environs de Genève» dressée vers 1730 par Jacques-Barthélemy Micheli Du Crest.
Cet ingénieur et cartographe de grand talent s’est intéressé en particulier aux jardins à la française qui ont commencé, au tournant des 17e et 18esiècles à essaimer sur le territoire genevois. La «Belle promenade» occupe tout le terrain situé entre la Treille et l’enceinte élevée au milieu du 17e siècle, à l’arrière des bastions d’Yvoi et Bourgeois.
Cet espace va accueillir, en 1817, sur ses franges septentrionales le «Jardin des Plantes». Distribué autour de deux larges allées perpendiculaires, celui-ci est aménagé contre la courtine de l’enceinte du 16e siècle sous la direction du botaniste Auguste-Pyramus de Candolle.
Ce premier jardin botanique est constitué d’une orangerie éclairée de cinq grandes baies et de deux serres dont l’architecte est Guillaume Henri Dufour, le futur général, et d’un bassin muni d’un jet d’eau qui sert à l’arrosage. Ce musée des sciences botaniques en plein-air va être transféré au début du 20e siècle à son emplacement actuel sur la rive droite; c’est à son endroit que prendra place le monument de la Réformation (1917).
De l’ancien jardin, on conserve dans le parc actuel plusieurs arbres de collection qui aujourd’hui encore font l’admiration des visiteurs et visiteuses. Comme le montrent les vues anciennes, la promenade est déjà un lieu de loisirs apprécié des Genevois et des Genevoises qui sont encore enfermés jusqu’au milieu du siècle dans les enceintes de la cité.
La démolition des fortifications, engagée en 1850, constitue un changement qui va bouleverser la physionomie des lieux. Des arbres sont plantés sur les anciens bastions Bourgeois et d’Yvoi, qui conservent temporairement leur configuration ancienne et qui déterminent en partie celle du parc agrandi. La suppression des enceintes a, en effet, permis d’étendre considérablement l’ancienne promenade; celle-ci peut désormais servir, à partir de 1868, d’écrin à des institutions majeures, l’Université, le Muséum et la Bibliothèque publique, l’actuelle Bibliothèque de Genève.
Une fois ces équipements construits, la Municipalité décide en 1873 de créer à l’emplacement du bastion Bourgeois une terrasse qui évoque peu ou prou le terre-plein de l’ancien ouvrage militaire. Ils sont sans doute peu nombreux les passant-e-s qui devinent aujourd’hui, dans le dénivelé du terrain devant la Bibliothèque, le souvenir d’une ancienne fortification.
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