Correspondance de Théodore de Bèze: La cerise sur le gâteau

Quel est le gâteau, et quelle est la cerise ?

Correspondance de Théodore de Bèze: La cerise sur le gâteau

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Lettre autographe signée de Théodore de Bèze à Jean Calvin [Lausanne], 10 mars 1554 Crédit: Bibliothèque de Genève, Ms. latin 117, f. 90

Le gâteau, ce sont les 43 volumes de la correspondance de Théodore de Bèze, soit 2’792 lettres, ainsi que des textes complémentaires, édités par un groupe de chercheurs entre 1960 et 2017 auprès de la Librairie Droz à Genève, avec le soutien du Fonds national de la recherche scientifique et de la Société du Musée historique de la Réformation. Cette correspondance est également accessible en version numérique sur le Portail Calvin et Genève 16.

La cerise, ce sont les répertoires et index cumulatifs de tous ces volumes, en ligne depuis mars 2024, qui permettront de trouver une lettre particulière dans ces milliers de pages.

Mais rappelons d’abord qui était celui que l’on voit aux côtés de Jean Calvin sur le Mur des Réformateurs, dans le parc des Bastions à Genève.

Né à Vézelay, Théodore de Bèze (1519-1605) issu d’une famille noble et aisée quitta le royaume de France pour rejoindre Calvin à Genève. Il en devint très vite l’un des collaborateurs, puis son successeur. Toute sa vie fut consacrée à la défense du calvinisme, qu’il mena de manière très polyvalente: il fut polémiste, théologien, poète, diplomate, professeur, penseur politique. Très différent de Calvin, il contribua néanmoins fortement à solidifier l’œuvre de son maître et à faire de Genève la «Rome protestante».

Sa vie durant, Bèze a défendu le calvinisme à travers toute l’Europe, par ses publications, mais aussi par son immense correspondance. On lui connait plus de 500 correspondants, et ses lettres, dont le tiers repose à la Bibliothèque de Genève, sont dispersées dans plus de 60 bibliothèques, des États-Unis à la Pologne, et des Pays-Bas à Rome! Les rassembler, les déchiffrer, les classer, les expliquer a transformé une masse immense de documents dispersés en une source facile à consulter et à interpréter. Restait à aider les chercheurs et chercheuses à s’y retrouver: le pasteur hongrois, sur lequel je travaille, a-t-il été en contact avec Bèze? Et l’électeur palatin, intéressé par le protestantisme? Quels étaient les contacts de Bèze en Écosse? Où se trouvait le pasteur genevois Jean de Serres à l’été 1594? L’inventaire et les index cumulatifs permettent désormais de s’orienter dans ces milliers de pages pour répondre à ces questions et à bien d’autres.

Spoiler: ces index ne sont pas une lecture de plage! Soyons honnêtes: ils sont plutôt austères. Certes la correspondance de Bèze n’est étudiée que par des spécialistes, mais elle forme une étape de la construction du savoir qui se diffuse ensuite dans des cercles plus larges. Il s’agit là d’une source, élaborée à Genève, qui sera sans doute consultée longtemps encore, et il est impossible d’imaginer ce que les historien-ne-s des temps à venir y chercheront et y trouveront. Mais il faut souligner d’emblée qu’il n'est pas si fréquent de pouvoir suivre ainsi presque quotidiennement pendant 66 ans un individu qui a vécu il y a 500 ans!

Lettre autographe signée de Théodore de Bèze à Jean Calvin [Lausanne], 10 mars 1554 Crédit: BGE, Ms. latin 117, f. 90

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